En ce temps-là

Au commencement il y avait… les images d’Audrey Spiry. L’illustratrice a d’abord travaillé seule, sans guide constitué par une histoire. Elle a pensé à une cabane, a fait vivre des personnages autour – d’étranges singes, un bébé –. Elle a imaginé une forêt, un univers de couleurs et de reflets profonds, mouvants. Elle a créé des correspondances entre ses dessins, veillant à laisser un espace à l’auteur qui allait ensuite s’emparer de son travail. Et ce qu’a écrit Gaia Guasti est tout simplement stupéfiant. En se servant d’illustrations déjà merveilleuses, elle a agencé rien de moins que l’origine du monde, et sa destruction par l’homme…

Trois esprits animaient donc tranquillement ce qu’on peut penser être notre planète : Silva esprit de la montagne, Rio esprit du fleuve et Nyx esprit de la nuit. Un soir, Nyx oublie d’éteindre une goutte d’eau. Celle-ci deviendra un petit humain. Mère adoptive, Nyx construit un abri, protège la cabane du bébé. Mais l’enfant grandit sans entraves, et finit par engloutir son monde avec ses ambitions personnelles. C’est la fin des étoiles, c’est le soleil tout grisaillant. Heureusement, l’homme possède encore quelques grammes de conscience et s’arrête à temps : l’univers est sauvé.

Publié en partenariat avec la galerie Jeanne Robillard, l’ouvrage marque intensément, que ce soit par la force de ses images ou la beauté de son texte. Sa grande taille ainsi que quelques explications finales dans l’atelier d’Audrey Spiry rendent parfaitement grâce à la création visuelle qui le porte. Il n’y a alors plus qu’à le lire et le relire pour mieux le méditer…