Nids

On est bien inquiets en ouvrant les pages de couverture intérieure de découvrir, minuscule au ras du sol, un nid au milieu d’un fatras de longues jambes qui marchent, pressées. Pour expliquer cette situation, Pepe Marquez et Natalia Colombo partent de constats. « Dans la nature, il existe beaucoup d’êtres vivants », une multitude de petits animaux plus ou moins fantaisistes le prouve ; les illustrations confortent les affirmations du texte. Ensuite, on décompose « les terrestres » et de la multitude émergent un rhinocéros, un hérisson, une vache et bien d’autres. Viendront après les « aquatiques » et quelques poissons flottent dans la page verte. Enfin, « ceux qui savent voler ». On s’intéresse maintenant aux oiseaux et à leurs nids parce que si tous ont un nid, ceux-ci sont très différents.

Tout le charme de cet album tient à cette façon d’organiser le monde en catégories rationnelles et d’introduire la fantaisie et même la folie dans la diversité des formes et des façons de vivre des oiseaux en particulier. Pour illustrer les oiseaux qui préfèrent la hauteur pour leur nid, on voit des oisillons sur le front d’une girafe. D’autres ont le goût de situations dangereuses et déposent leur nid dans la gueule du crocodile. « Beaucoup se contentent d’un nid imparfait » : et deux œufs ronds sortent d’une boite de thon en conserve. Cela n’empêche pas leurs parents de veiller sur eux avec tendresse… Et on comprend alors la page de couverture préliminaire : quelle que soit la situation et les circonstances, les œufs feront leur chemin. Ils quittent le nid dans la couverture intérieure de fin ! Le message apparaît en filigrane : à l’inégalité des origines répond la force de la vie.

Une belle palette de verts et de rouge sombre sert la morale de cette histoire entre fantaisie et gravité. Aux jeunes lecteurs de s’en emparer.