OK, señor Foster

Depuis le décès de sa mère, Perico, douze ans, a appris à se débrouiller sans son père, pêcheur pauvre de la côte espagnole. Il ne va plus à l’école, mais développe sa curiosité. Il devient ainsi le commissionnaire du courrier du Señor Foster, un Anglais qui apprécie la photographie. Et puis Perico observe Ismael le tanneur, solitaire dans sa cabane près de la plage.

La vie pourrait ne pas être si mauvaise si Perico ne perdait pas le billet donné par son père pour renouveler la licence de pêcheur. Affolé, le jeune garçon vole un autre billet dans le bateau des Portugais, sans savoir qu’il s’agit de fausse monnaie… Le sergent Efrén, lui, est par contre parfaitement au courant, et piste les trafiquants : Perico se retrouve dans sa ligne de mire.

L’Espagne des années 1960 dont il est question est évidemment marquée par la dictature franquiste – des personnages y adhèrent, d’autres s’en cachent, d’autres encore s’y adaptent sans se renier… Mais le quotidien de Perico n’est pas si complexe, et l’enfant s’attache à des éléments qu’il mythifie presque, comme un tampon aux armes royales britanniques, une photographie de la plage ou des livres cachés dans une commode par un supposé analphabète.

Dans un contexte politique tendu, ces détails sont cependant révélateurs de tout un monde de sous-entendus, où les petites traces d’espoir ne cèdent pas à la chape de plomb. Courageux car complètement inconscient de ce qui se joue du côté des adultes, Perico rêve de liberté, d’ailleurs… Il fait d’ailleurs peur à la sage Bellita, et préfigure sans aucun doute la génération d’après Franco.

Le rythme est lent, les actions relativement peu nombreuses eu égard aux allers et retours du héros, suivi par un narrateur externe très neutre. Sur une écriture à la fois de qualité et facile, le lecteur se laissera porter par le soleil de ce village de pêcheurs et le quotidien de petites frayeurs de Perico. Le second degré politique est finement suggéré entre les lignes, comme si la forme s’adaptait au fond, en quelque sorte. Un roman qui sait faire réfléchir.