Antoine et la fille trop bien

Antoine, sa mère et son petit frère Anatole sont en vacances, dans un manoir familial à la campagne. Des amis arrivent : une autre mère de famille, avec son fils Bruno et sa fille Adèle. Adèle, devenue une magnifique jeune femme, plaît immédiatement à Antoine. Il cache son trouble, elle est pourtant intéressée par lui aussi.

Le grand frère d'Antoine, Guillaume, rejoint ce petit monde. Mouton noir au sein d'un clan bourgeois, il ose des mots crus, des attitudes provocantes. Antoine, sage et sérieux, est choqué. Bruno et Adèle rient pourtant aux mauvaises plaisanteries de Guillaume... Un jour, Guillaume va trop loin, se moquant d'une vieille villageoise. Devant le scandale, il fugue et Adèle, troublé par le beau jeune homme, le suit. Antoine aurait-il manqué l'occasion d'un été, et son premier baiser ?

Il se passe finalement peu de choses au manoir, avec des personnages qui partagent leur temps entre les repas, les parties de cartes, les jeux pour les enfants, de plein air ou dans les pièces abandonnées de la maison... Ce temps suspendu, partagé entre l'ennui et le plaisir de ne rien faire, est propice aux coups d'éclat. Ce sera Guillaume le déclencheur, jeune adulte toujours en mouvement dans le dessin, particulièrement exaspérant aux yeux d'Antoine.

Le héros éponyme est lui paradoxalement passif, solitaire et observateur ; il n'en pense pas moins, se forge son opinion au bout de ses hélistations. Le lecteur voit souvent à travers ses yeux, le long de ces cases à la ligne claire : Adèle qui mange, Adèle qui bronze, Adèle la belle. Il s'agit ici d'apprentissage, d'un premier amour certes mais aussi de conscience d'un soi qu'on est libre de modeler (Guillaume étant alors le repoussoir). La forme peu commune de la bande dessinée pour parler d'adolescence avec un grand A fini de convaincre le lecteur. Un ouvrage qui vous suit longtemps...