Monsieur Bleu

Cela commence comme une histoire absurde : Monsieur BLEU, son poisson rouge orange, son bateau vert sont BLANCS sur la mer bleue du plus beau NOIR. Le héros et son compagnon vivent une vie tranquille. Leur plaisir est de partir pêcher surtout quand il fait beau et bleu !

Cette première partie cultive l’ironie et la perplexité. Ironie du poisson orange enfermé dans son bocal et qui préfèrerait nager dans l’océan. Perplexité face à cette amitié contre nature entre un pêcheur et son poisson ou face à cette inexactitude répétée des couleurs. Pourquoi donc ce jeu ? Aucune justification. Il faut au lecteur accepter cette distorsion entre le texte et l’image !

Cette interrogation est suivie d’une histoire d’amitié avec un homme noir, un ramoneur. Ensemble, ils partent pêcher, heureux de partager un bon moment…. A ce moment, tout bascule. Les trois amis, outre quelques poissons, accrochent tout un bric à brac d’objets hétéroclites : botte, pneu, mais surtout, ils croisent un grand navire gris, piloté par Monsieur Rouge, un pirate. Le grand bateau gris transporte de l’or noir et à la suite d’une péripétie abracadabrante, la coque du grand bateau déverse le fuel de sa cale.

La joyeuse partie de pêche se transforme en course contre la montre pour éviter la marée noire et c’est le bocal qui va servir à colmater la brèche !

L’illustration est d’une grande simplicité, lignes nettes, sans décor, cet album s’amuse à brouiller les pistes : livre de pirate et d’écologie ; livre sur les couleurs et les expressions de couleurs (blanc comme un cachet d’aspirine ; connu comme le loup blanc ; alerte rouge) dans un contexte noir, bleu et blanc, il tient le lecteur en alerte, en éveil. On croit embarquer dans une histoire enfantine et on est amené à ne pas prendre pour argent comptant ce qui est écrit ; à ne pas croire ce qu’on voit ?
Quelle malice !