Nos saisons

La voix d’une femme, certainement âgée, se rappelle son enfance et ses jeux dans la nature : nous voyons une petite rouquine gambader avec son chien. Page suivante, la voix d’un homme, lui aussi sans doute plus tout jeune, se rappelle la façon qu’il avait de s’emparer de son environnement d’herbes, de branches et d’eau pour s’amuser : un petit garçon brun piétine sous un arbre.

A chaque prise de parole, un détail de la page précédente se retrouve dans le dessin qui suit. C’est une plume de geai, un arc d’Indien, des pierres dans la rivière, etc, qu’il faut retrouver lorsqu’on a compris l’astuce. Les saisons passent, rythmées par les occupations des enfants, et tout laisse présager un rapprochement final entre les deux petits.

Effectivement, la dernière page montre des grands-parents sur un banc, regardant leurs petits-enfants s’ébattre autour d’eux…

Bien que belle et douce, l’histoire directement assumée par des adultes pourrait avoir du mal à séduire les plus jeunes, d’autant que les jeunes héros ne participent toujours qu’indirectement. Même les petits-enfants de la dernière page restent en retrait, bizarrement figés dans leur monde qui ne semble pas croiser celui de leurs aïeux. On compte alors sur les illustrations, avec la promesse d’une nature vue sous toutes les saisons et dans tous les lieux de la campagne. Mais Emmanuelle Tchoukriel, si habile et impressionnante dans la minutie de ses « Inventaires » (des animaux, de la mer, des arbres, des fruits et légumes…) a peiné à me convaincre avec ses dessins de personnages humains. La nature éthérée qui entoure les enfants l’est également trop à mon goût, même si elle se raccorde à l’idée de souvenir qui s’estompe… Un album un peu trop sage qui peut laisser une impression de fadeur.