Blood Family

Edward a sept ans lorsque la police vient frapper à sa porte pour mettre fin à son calvaire. Malgré des années de séquestration et de maltraitances, ce petit garçon s'en sort étonnamment bien d'après les psychologues et autres adultes qui l'entourent. Ce n'est pas le cas de sa mère qui, sous les coups répétés de Bryce Harris, a fini par devenir folle. Placé en premier lieu dans une famille d'accueil d'urgence, Edward devient par la suite le second enfant adopté de Natasha et Nicholas. Après des débuts difficiles, son intelligence et sa perspicacité séduisent toute la famille ainsi que ses professeurs. Les années passent jusqu'à cette banale sortie scolaire qui menace l'équilibre très précaire dans lequel se trouve Edward. Rattrapé par son passé, l'adolescent connaît alors une véritable descente au enfer...

On ne ressort pas indemne de ce roman polyphonique, dont le scénario ressemble à l'un de ces sordides faits divers que l'on découvre épisodiquement dans nos journaux. Tous les adultes qu'Edward croise sur son chemin (policiers, psychologues, parents adoptifs…) expriment leur point de vue sur ce courageux et étonnant petit bonhomme. Si sa réinsertion dans la vie « normale » semble démarrer sur de bonnes bases, il n'en va plus de même à l'adolescence, période où il se confronte à sa propre image ; la personne qui se reflète dans le miroir ressemble à s'y méprendre à son bourreau. Pour fuir cette réalité insupportable, Edward se noie dans l'alcool.

On croise souvent les doigts en regardant le personnage principal en équilibre sur le fil ténu de son existence... Mais grâce à des mains tendues, des cœurs ouverts et un refrain de Mr. Perkins (personnage mythique), on se rassure le temps d'une... chanson.

Anne Fine signe un roman d'une rare intensité. Évitant à tout prix de tomber dans un manichéisme facile, elle nous rappelle les multiples facettes que possède tout être humain. Remarquable!