Le temps des loups

Nicole vit avec sa famille dans une ferme isolée d’Auvergne au début du XVIème siècle. Les jours d’hiver sont d’une rudesse peu commune, et la menace des loups le dispute à celle du froid. A deux reprises, le troupeau de moutons est attaqué à coups de crocs puissants. La maisonnée peine à éviter la famine. Et puis, Nicole trouve un louveteau blessé dans les bois. Elle le soigne, le nourrit, s’en fait un ami sauvage. Le loup grandit, devient une bête forte, superbe. A partir de ce jour, plus jamais la famille de Nicole ne sera attaquée par les loups, qui les protègeront même à plusieurs reprises. Mais tout le monde ne voit pas d’un bon œil cette chance inespérée : Nicole, par ailleurs guérisseuse grâce à l’apprentissage des simples de son grand-père, ne serait-elle pas un peu sorcière ?

Claude Merle marie à merveille et dans un même élan une nature sauvage et magnifique, une héroïne d’une grande indépendance pour son époque, des animaux libres qui eux aussi luttent pour survivre. Il invente une conjonction d’esprit entre la fille et le loup Orage qui devient amitié-amour, pour le meilleur et pour le pire. Bien sûr, ce pire est encore une fois provoqué par l’homme. Les attaques de loups ressemblent d’ailleurs furieusement à celle des brigands sillonnant les routes… Et puis, il y a les « bonnes gens » qui crient au diable, et les autorités religieuses forcément plus tempérées car au cœur du pouvoir. Le XVIème siècle est reconstitué avec le naturel de celui qui connaît son sujet sur le bout des doigts : toute l’expérience d’un auteur coule ici entre les lignes (comme les torrents que suit Nicole…), engendrant certes un aspect classique de l’histoire, mais aussi l’aisance d’une lecture captivante. Une fiction historique de belle facture, selon la formule consacrée.