Ava (T. 5). Ava s'en va

Le titre fait frémir les lecteurs assidus de cette série : « Ava s'en va ». Presque majeure, la jeune fille va en effet tracer son chemin sans nous. Mais avant, elle cherchera avec obstination son ami le fantôme viking Harald sur les îles anglo-normandes. Grâce à son oncle, des fouilles archéologiques à propos d'une tombe sont entreprises sur Sercq. Une maison à proximité, évidemment hantée depuis des décennies, évidemment lieu d'un meurtre sanglant au moment où Ava arrive, vient complexifier les plans de la jeune femme... Sans oublier que des consolateurs veulent la pousser en avant afin de dévoiler leur existence au monde. Ava peut toutefois compter sur l'aide d'Angharad, son (petit) ami consolateur du Pays de Galles, et donc consolateur des Ava épuisées et stressées.

Emotions, suspense, humour fin : ce dernier tome ne décevra absolument pas les lecteurs. Sa fin ouverte est courageuse, Maïté Bernard ayant décidé de laisser une part d'imagination aux fans, tout en n'abusant donc pas d'un succès mérité. Beau portrait de grande adolescente amoureuse, beau voyage à travers les magnifiques îles anglo-normandes, belle réflexion sur la mort et ce qu'il y a après, le roman se lit aussi le sourire aux lèvres : le narrateur externe n'a pas renoncé à pénétrer dans l'esprit d'Ava, fille pragmatique et drôle sans le vouloir. Elevée avec délicatesse, elle est pourtant franche et parfois maladroite, tout en ayant une haute conscience de ses responsabilités. Au cœur d'une polémique sur la révélation ou non de l'existence des fantômes et des consolateurs, elle ne tranchera pas vraiment, préférant exercer sereinement ce qui est pour elle un métier. De fait, elle fuit la célébrité, et se réfugie encore et toujours auprès d'Harald (leur relation se précise, impossible et intense). Et voilà. Une page se tourne, extrêmement nuancée. Un grand merci à l'auteur, et à chacun maintenant d'inventer la suite !