Resurrectio (T. 2). Trop humaine

La jolie Marie est un monstre, créée par le (bien-nommé) scientifique Victor Franck à partir de cadavres de jeunes filles : Lucia la pianiste pour les mains, Maxine pour le cerveau et la tête, Kerenn la coureuse pour les jambes, Katy pour le cœur, Liu pour le torse et Nubia pour les bras. Victor Franck est mort, et Marie « appartient » désormais à un riche homme d'affaires qui l'emploie comme tueuse, en attendant de créer d'autres êtres invincibles comme elle. Oui, Marie n'a pas d'émotions, et utilise une force anormale pour combattre. Mais depuis quelque temps, elle ressent de la fatigue, de la lassitude qui devient rébellion. Presque instinctivement, Marie fait faux bond à son commanditaire et part sur les traces des filles qui composent son corps. Ce faisant, elle perd ses dons, mais devient simplement... humaine.

Le thème n'est pas vraiment neuf, mêlant science-fiction, bagarres, émotions de jeune fille. Il faut toutefois compter sur la réflexion à propos des manipulations scientifiques et de leurs conséquences psychologiques, avec le modèle d'une certaine Mary (tiens, tiens) Shelley. Le récit est linéaire, au passé, assumé par un narrateur externe. Cependant, Amélie Sarn a le bon goût de l'ombre, puisqu'on ne sait pas forcément tous les détails de la vie passée de Marie elle-même (ou plutôt, on peut lire ce second tome sans avoir lu le premier, Resurrectio). Sa quête de celles qui la composent est prenante, et on passe d'une réalité sociale à l'autre : la coureuse africaine qui sacrifie sa santé, la jeune Asiatique promise à une vie de centenaire, l'apprentie-mannequin victime d'overdose, la membre d'un gang des rues en Amérique du Sud, etc. Un roman qui se lit facilement, un peu froid, un peu dur, bizarrement dérangeant.