A la poursuite de ma vie

Travis a seize ans, et un cancer incurable. Comme celui-ci n’a pas atteint son cerveau, une société pour le moins visionnaire lui propose de congeler sa tête dans l’attente des progrès scientifiques permettant une greffe sur un corps. Travis n’attendra que cinq petites années avant d’intégrer le corps d’athlète d’un autre adolescent. Il a hâte de retrouver son meilleur ami Kyle et sa petite amie Cate. Seulement voilà, eux ont désormais plus de vingt ans, et des projets de jeunes adultes… Travis voudrait retrouver son univers inchangé, il va devoir s’adapter.

Si la maladie est une thématique relativement récurrente des romans pour adolescents récents, elle ne sert ici que de prétexte littéraire. D’ailleurs, le narrateur Travis n’en parle presque pas, ou alors pour évoquer des souvenirs de ses amis : leur gentillesse et leur soutien indéfectible, leur tristesse aussi. De la façon dont la tête du jeune homme a été greffée sur un nouveau corps, nous n’aurons aucune précision médicale.

Il est question ici du décalage des vies, des émotions, des projets consécutifs à un saut dans le temps. L’auteur s’intéresse à la psychologie de son héros, très très longtemps bloqué dans son rôle d’adolescent immature. Ou désespéré ? Au lecteur de se faire sa propre opinion de Travis, personnage sympathique et pourtant agaçant. Les rebondissements s’enchaînent sur le même principe : une tentative par Travis de reconquérir Cate, laquelle n’ose pas couper court, avant quand même de faire comprendre au jeune homme qu’elle ne compte pas revenir en arrière. Le personnage de Kyle, intéressant dans sa façon de compatir, n’est sans doute pas assez creusé à côté de ces atermoiements amoureux.

Frais et écrit avec dynamisme malgré la thématique redondante, le roman se lit aisément. Mais n’est pas resté présent à mon esprit, si ce n’est par son présupposé de départ original.