Les clairs de lune de Théo

Théo, onze ans, vit seul avec sa grand-mère. Pleinement heureux, face à la mer, dans une vieille maison, ils communient dans la musique. Pourtant, un jour, très vite, sa grand-mère meurt. Le petit garçon est placé dans un foyer d’accueil puisque Eve, sa mère, très jeune, trop jeune n’a pas la capacité de l’élever. En mourant sa grand-mère lui a laissé dans une enveloppe, une grosse somme d’argent destinée à l’achat d’un piano. Comment survivre à ce traumatisme ? Comment exaucer le vœu de sa grand-mère ? Comment faire de cette situation familiale un destin ? Telles sont les questions soulevées par ce roman et les réponses apportées par Mariane Ostreicher Jourdain n’éludent aucune des difficultés, des doutes surmontés par Théo. Dans un contexte d’arrière-plan subtil qui nous entraîne du passé d’après-guerre au présent, le roman déroule toutes sortes de traumatismes que peuvent connaître les enfants.
Pour faire progresser l’histoire et pour permettre une fin heureuse, quelques invraisemblances ne gâtent pas l’intérêt que l’on porte au héros et à son histoire. Dans la noirceur de sa vie, les personnages qui l’entourent sont touchants et bien dessinés. Sylvain, l’éducateur suit l’enfant pas à pas, avec confiance et sympathie. Nous apprenons à connaître sa mère détestée au début du roman. L’histoire se déroule autour de la musique qui tient Théo par le bout du nez et le souffle musical devient vital. Les péripéties s’enchainent sur un rythme rapide. L’itinéraire de l’enfant ballotté de droite à gauche, proche de la mort comme seule issue, et qui reprend pied peu à peu, offre à la lecture, un beau parcours de résistance et de volonté. Un roman fort et chaleureux.