Graine de pastèque

Un crocodile clame haut et fort « j’adore la pastèque ! MIAM ! MIAM ! MIAM ! C’est trop bon ! » Joignant le geste à la parole, il en croque une grande tranche et porte sur son cœur une belle grosse pastèque verte presque aussi grosse que lui. Les pages qui suivent racontent l’histoire de cette passion. Tout petit déjà… au berceau, des petites pattes sortent du landau, à toute heure du jour et sous toutes ses formes, salées, sucrées… Résumé, au cas où nous n’aurions pas compris : « j’adore la pastèque » Un tel bonheur ne se discute pas. Aussi lorsqu’au milieu de la page suivante, noire, en médaillon, nous voyons notre crocodile les yeux exorbités avec ce commentaire « Gloups ! » nous sommes inquiets. La vérité révélée page suivante « j’ai avalé une graine ! » est répétée pour bien se convaincre de la gravité de l’affaire. Et le délire des conséquences s’autoalimente : la graine va pousser, germer, jusqu’à l’explosion promise… On reconnaît bien là une mésaventure fréquente qui agite l’un ou l’autre d’entre nous après l’ingestion de graines, pépins ou noyaux de cerise.

Un beau vert uni pour le crocodile, un bel oranger clair pour la pastèque, cette comédie à deux personnages séduit par sa simplicité narrative et graphique. Cerné de noir, le dessin emprunte aux comics tout comme les expressions caricaturales du héros. La chute confirme cette veine. Notre crocodile en anti-héros est incapable de tenir la résolution qu’il a prise. Histoire simple et aventure familière, ironie appliquée au héros, illustration très efficace, voilà une histoire très réjouissante pour rire de soi et des autres.