Court au théâtre 3 : 3 petites pièces pour enfants

Marie Bernanoce, Yves Lebeau et Catherine Verlaguet sont rassemblés dans ce recueil de trois pièces courtes, autour d’un thème « grandir ».
Trois enfants, trois courses d’obstacle pour devenir soi : affronter la mère absente pour Lucile ; la mer pour l’Enfant et soi-même à travers la peur pour Lucas. Ces trois pièces dessinent une constellation au sein de laquelle chacun se situe : soi et les autres, soi et la nature, soi et soi-même.

Marie Bernanoce dresse le portrait de Lucile qui ne trouve pas dans ses amis Lisia et Léonard de quoi surmonter sa tentation morbide. Elle est littéralement cabossée. Un soleil viendra-t-il la sauver comme l’araignée Picsy, personnage de comptine, à laquelle elle s’identifie ? Petite pièce complexe, l’histoire s’enroule autour de l’araignée. Lucile est comme prisonnière de cette toile de souvenirs, d’absences, de manques que ne parvient pas à combler la figure douloureuse de son père. Ombres et lumières se partagent son destin comme la scénographie indicative de l’auteure. Il faut croire que « le soleil [va chasser] la pluie » selon le refrain de la chansonnette.
La peur du petit Lucas l’empêche de grandir. Là où Lucile est enfermée dans son affection pour sa mère, Lucas est paralysé par sa timidité. L’un et l’autre risquent de « voir la vie leur passer à côté » selon la belle expression de Catherine Verlaguet. Pas d’autre solution que de PARTICIPER pour intégrer le mouvement de la vie.
Ils doivent aussi connaître leurs limites. Petites colères devant la mer joue avec la petitesse de Fernand / Jimmy, aux deux visages, tantôt doux tantôt colère comme la mer. Premier janvier au bord de la mer, face à face, un enfant / la mer. Nager ? L’enfant ne sait pas. Oser y entrer ? Dilemme comique où les deux protagonistes très inégaux avancent leurs arguments : sans costume de bain peut-on oser plonger ? Pour la mer quelle importance ?… et pour une fille de l’océan ? Beaucoup d’ironie tendre dans cette pièce maligne.

Sur des tons et des thèmes différents, ces pièces sont une invitation à l’aventure humaine. Modestes et déterminés, les tout-jeunes héros doivent affronter leurs fantômes, « c’est ainsi que les hommes vivent ».