Le chant de la mer

Sur une petite île isolée, Ben se réjouit de la naissance de sa petite sœur Maïna. En pleine nuit, écrasé de fatigue, il ne se rend pas compte que l'événement signe aussi la disparition de sa mère. Les années passent, les enfants grandissent et le chiot Jo devient un gros toutou. Le père s'enferme dans sa tristesse, et, à l'occasion d'un anniversaire, la grand-mère décide d'emmener Ben et Maïna à la ville avec elle. C'est un désastre : Maïna, petite fille muette et attachante aux habitudes très particulières, dépérit. Dotée des pouvoirs d'une selkie, elle aime, l'obscurité venue, se vêtir d'une belle fourrure blanche et aller jouer dans la mer avec ses comparses les phoques. Les enfants repartent sur leur île, avec le nouvel objectif de sauver le petit peuple de créatures magiques qui a sollicité Maïna. Mais avant tout, Ben devra prendre soin de sa sœur, objet de bien des convoitises...

Histoire merveilleuse, histoire douce, Le chant de la mer se lit avec l'attente inquiète de celui qui sait que tout finira bien, et que la mélancolie ne sera pas absente derrière la joie des enfants et de leur chien – voir la perte irrémédiable de la mère. Du coup, un plaisir doux-amer découle de ces grandes pages illustrées de dessins du film d'animation de Tomm Moore, décidément un artiste à part. Ses traits épurés à rebours des autres productions et ses couleurs travaillées en motifs et ombres, ses univers oniriques construits en trois coups de crayon font encore une fois le bonheur des yeux, après le très réussi Brendan et le secret de Kells.

Là-dessus, la chanteuse Nolwenn Leroy raconte, et surtout chante, accompagnée d'instruments en accord avec le monde celtique proposé : harpe, flûte, guitare... De l'eau qui coule au vent qui souffle en passant par les chouettes de mauvais augure, les bruits de la nature nous rappellent également l'enjeu de ces légendes du début du monde. Après ou avant d'avoir vu le film, nous avons donc un très bel ouvrage sachant marier le moderne à l'ancien, et dont on pourrait juste reprocher la couverture rembourrée (pourquoi?).