Nous sommes en 1910. Jeanne, la grand-mère d'Anna, brode l'immense nappe de mariage de sa petite fille : fleurs et épis de blé s'entrelacent avec les initiales des époux. Trois ans plus tard, le mari d'Anna disparaît à la guerre. Passons en 1936 : Anna a vieilli, elle accompagne son fils et sa famille pour un pique-nique... avec la nappe. En 1944, Marie, la petite-fille d'Anna distribue clandestinement des tracts et se serait fait arrêter si sa grand-mère ne les avait pas cachés sous la nappe, prétendument à repriser. Aujourd'hui, le beau tissu de coton est toujours dans la famille, et une petite Jeanne en caresse les broderies...

Excessivement classique, le texte est pourtant empreint d'émotion qui tient à la force de son histoire, dont on attend la suite le souffle presque en suspens. La notion de famille et des générations qui se succèdent, prennent à chaque épisode le dessus sur les aléas de l'Histoire, aussi puissants et destructeurs soient-ils. Les femmes ont la part belle face à des hommes absents - et pas toujours à cause de la guerre. Promptes à tisser des liens (belle métaphore), elles sont les gardiennes de la mémoire. Le lecteur garde alors l'impression que tout recommence avec en point d'orgue la petite Jeanne, peut-être prénommée en résonance avec son ancêtre. Un texte pour tous les âges et toutes les sensibilités.

Sophie Pilaire

Présentation par l'éditeur

1910, sa grand-mère brode une nappe de lin blanc pour l'offrir à Jeanne, en cadeau de mariage. 1914, Jean, jeune père, part à la guerre. On ne sortira pas la nappe de l’armoire. 1936, premiers congés payés, la nappe est de sortie. 1944, la nappe protège les secrets des résistants. 2014, grande fête familiale et la petite Jeanne se fait raconter l'histoire de la nappe et de sa famille au cours des soixante dernières années.

Les héritages précieux se transmettent ici de mère en fille, et ce linge brodé
accompagne les grands moments de la famille.