Titan

Titan et ses frères attendent un enterrement ; Titan, le plus jeune, le plus faible, mal nommé donc, les interroge sur ce qu'il se passe. Leur mère enfermée dans la chambre et dans sa douleur l’inquiète. Son grand-père maternel lui refuse son aide pour terminer la cabane commencée avec son père. Titan semble s’agiter dans une tour aux parois de verre contre lequel ses mains glissent sans trouver d’appui. Pourtant petit à petit, le voile se déchire. Dans l’oraison funèbre il entend que son « père a décidé de quitter cette terre », « parce que beaucoup de choses lui étaient devenues insupportables ». Alors que la vie reprend pour la mère et ses fils, Titan est tourmenté par l’idée qu’il aurait pu être insupportable à son père, voire même que c’est pour cela qu’il s’est suicidé. Un subterfuge dramatique délie la mère du serment de ne rien dire et tout s’éclaire. L’auteure utilise au mieux les voix croisées entre personnages réels ou fantasmés, un facteur mort, le père, pour faire avancer l’intrigue qui progresse de dialogue en dialogue jusqu’à la révélation finale et une certaine délivrance de Titan. Quelques objets soutiennent l’action : un sweat disparu/réapparu marque la progression entre la première et la dernière scène, tel un doudou ; une lettre déchirée en mille morceaux, puzzle de la vie déchirée, donne corps à l’énigme et délivre Titan de son angoisse et la cabane symbolique arrêtée en cours de construction est enfin terminée. Troisième prix Annick Lansman attribué par des professionnels du théâtre de jeunesse, cette pièce parle en termes très simples du deuil, de la dépression, de l’amour paternel, du secret. La voix plaintive de Titan touche chacun au plus intime, elle donne pourtant espoir et trace des chemins.