Les demoiselles des Hauts-Vents

La mère de Charlotte, Emilie et Anne quittent subitement la maison. Devant absolument reprendre le travail, leur père les confie à leurs grands-parents maternels, qu'elles ne connaissent pas du fait que leur mère était brouillée avec eux. A l'exception de la chaleureuse cuisinière Betty, l'accueil aux Hauts-Vents est glacial : le grand-père reste absent, et la grand-mère cassante. En tant qu'aînée, la sage Charlotte s'inquiète pour la vive Emilie et la petite Anne, au don de medium bien embarrassant. Mais, une fois les premières appréhensions dépassées, l'atmosphère du manoir va se détendre. La famille s'unit alors afin de retrouver la mère disparue.

Le roman brasse les sentiments et les impressions du lecteur : modernité joyeuse à travers Charlotte et Emilie, dignité tragique de la grand-mère, surnaturel éthéré émanant d'Anne, affection tendre de Betty et du grand-père, etc. Les personnages sont donc typés, mais campés avec le naturel que l'on connaît à Yaël Hassan, ici très préoccupée d'une intrigue empruntant délicatement des éléments aux Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë.
Attendu, le secret de famille sera double, d'un côté puisant dans le passé des Hauts-Vents et de l'autre se propulsant vers l'avenir une fois la fuite de la mère expliquée. Si le ton du roman, très lié au quotidien, permet de s'adresser à des jeunes lecteurs, ces révélations seront toutefois assez lourdes, riches en émotions : décès prématuré, accouchement sous X...
On ressort ravi d'avoir tourbillonné avec des références littéraires, et un peu étourdi de la complexité propre à toutes les filiations. Au final, l'équation équilibrée réalisée par Yaël Hassan convainc parfaitement, et ce gros roman se lit à toute vitesse, fille ou garçon, dès 12/13 ans.