Magie noire (t. 1)

Londres, fin du XVIe siècle. Tout jeune pickpocket à la solde du puissant Sharkwell, Jack vole la bourse d'un intransigeant prêcheur. Dedans, une pipe bouchée lui envoie une poudre rouge dans l’œil. Dès lors, le jeune garçon voit flou, et aussi des ombres (des démons?) que les autres n'aperçoivent pas. Sa mère est alors tuée par le prêcheur, et Jack décide de se venger en volant tous ceux qui prétendent défendre la foi chrétienne, ces mystérieux Elus à la main teintée de rouge. Il se rapproche d'un espion, et du célèbre Docteur Dee, sorcier de la Reine. Du côté de Sharkwell, c'est la propre fille du mafieux qui va le soutenir dans sa quête. Mais cette dernière ne se situe peut-être pas seulement dans le présent des héros...

Difficile de résumer ce gros tome touffu, accrocheur, à la fois d'exposition et d'action échevelée (quoiqu'unique et maîtrisée). Nous sommes plongés dans les bas-fonds hyperréalistes d'un Londres crapuleux autant qu'à travers un univers de superstition piochant aux supposées origines mythico-fantastiques de la capitale. Les démons sont partout autour de nous, mais ne sont sans doute pas ceux que nous croyons.

Suivi par un narrateur externe et dans l'attente de pousser plus loin ses dangereuses investigations, Jack fait preuve de cœur et de courage, découvre la beauté des femmes et les sombres desseins des puissants de ce monde, apprivoise quelques rudes amis, en perd d'autres (la vie ne vaut pas cher à cette époque). Rester au sein de la « populace » est une excellente idée, qui évite l'opposition par trop évidente entre des personnages royaux abstraits des contingences et des roturiers prisonniers du lendemain. Dans le monde rugueux de Jack, il y a peut-être des plus riches, mais tous sont prêts à vendre leur âme voire leur foi pour un écu d'or supplémentaire. Un début de série très prometteur, d'une originalité dense et captivante.