Mon oiseau

Comment résister ? Avec ses gros yeux ronds, esseulé au milieu de la couverture, on sent immédiatement qu’on va l’adopter, l’Oiseau … Un enfant se raconte. Il parle avec douceur de ce qui l’attache indéfectiblement à « mon oiseau, c’est mon oiseau, mais il n’est pas vraiment à moi. Il n’est à personne, il est à lui. » Cette expression de l’amitié, de l’affection exprimée par l’article possessif assure pourtant la liberté de l’autre. L’album décline finement tout ce que permet cette relation : voir la beauté de l’autre et du monde, les plumes noires « sont plus colorées que la couleur elle-même ». Cette tendresse implique la solidarité et la réciprocité, ne pas être triste pour ne pas attrister l’autre. « Ce n’est pas parce qu’il est mon oiseau que je l’aime ; c’est parce que je l’aime qu’il est mon oiseau ». L’extrême simplicité de l’écriture, la répétitivité de l’expression « mon oiseau » donne du relief à la relation qui se renforce dans la simplicité de l’illustration. Tout petit, tout noir, réduit à l’essentiel, au milieu des feuilles et des branchages, c’est l’Oiseau, tout est pour lui. On ne voit jamais l’enfant sauf une fois, côte à côte, sur la même balançoire, à égalité parce que « la vie est jolie »

On pense aux Deux Amis de La Fontaine. Cet album a la force d’une fable, bouleversant. C’est une belle leçon de vie, à partager, à méditer.