Un roi vu du ciel

Entre récit historique et fable malicieuse, Un roi vu du ciel de Bruno Gibert nous transporte le 19 septembre 1783, à Versailles pour la première démonstration officielle de vol en ballon. Comme passagers, un mouton, un canard et un coq ont été enfermés dans un panier rond en osier accroché par une corde au ballon. Sur ces faits avérés, l’auteur-illustrateur brode une réflexion sur le volontariat des « courageuses » bêtes, « ravies » et par renversement des situations on adopte le point de vue des animaux qui considèrent l’activité humaine sans aménité. Ainsi le château de Versailles est réduit à la dimension de trois boites à chaussures ; la cour « à une poignée de gravillons » et les champs à un plat d’épinards ! Grandeur et décadence des gloires humaines, les animaux au retour, disent au roi qu’il n’est pas plus gros « qu’une mouchette d’escargot ! » Les animaux seront punis pour ce crime de lèse-majesté mais la révolution arrive…

Bruno Gibert traite l’illustration dans le style de l’époque. Sa montgolfière ressemble vraiment à celle qu’on connaît mais son esprit frondeur détourne les symboles royaux, le soleil fait place à la lune ; le roi et les courtisans sont traités en caricature avec perruque et talons extravagants… Ainsi avec humour on passe de la narration historique à la revendication de la liberté, c’est impertinent et très élégamment réalisé.