Chasseurs de nuages

On est dans un monde post-apocalyptique. Les hommes ont colonisés de nouveaux endroits qui sont des espèces de planètes plates flottant à différentes hauteurs en dessus d'un soleil. Les enfants apprennent à « nager » très vite, car s'ils tombent dans le ciel et qu'ils descendent trop bas, ils sont irrémédiablement désintégrés par la chaleur du soleil. Les enfants vont toujours à l'école, les parents toujours au travail et le commerce est encore au centre de la vie. Ces nouveaux territoires reproduisent les mêmes systèmes que ceux que nous connaissons ici et maintenant. Il y a toujours des îles plutôt démocratiques et des îlots dirigés de façon totalitaires avec des règles parfois totalement absurdes, des endroits de liberté absolue et des îles désertes. Le problème majeur est que sur la plupart de ces îles il n'y a pas de source d'eau et il pleut très peu ; on a donc recours à des chasseurs d'eau qui sillonnent le ciel sur des sortes de bateaux-avions munis de systèmes qui récupèrent l'eau des nuages.
Le décor est planté, rencontrons maintenant les protagonistes de l'histoire : Christien est un jeune garçon dont la vie est sans histoire, pourtant à regarder le ciel infini, il rêve de voyages, d'explorations, de liberté. Un jour, arrive dans sa classe une fille fascinante, elle est belle, brune, le visage marqué de cicatrices rituelles. Elle est la fille de chasseurs de nuages. Du moment où Christien fait sa connaissance, il n'aura de cesse de réussir à se faire accepter par Jenine et sa famille afin de pouvoir partir avec eux et découvrir le ciel. L'aventure peut commencer.

Ce roman d'apprentissage utilise toutes les ficelles habituelles pour faire passer ses héros de l'enfance à l'âge adulte : il y a l'histoire d'amour entre les deux jeunes, une quête pour sauver le père de Jenine d'une détention et d'une condamnation injuste, des risques, des dangers, des chagrins et des renoncements. Ä la fin de l'histoire, Jenine repart sur son bateau-avion et Christien rentre chez lui, conscients tous les deux qu'ils ne pourront jamais vivre ensemble puisque ni l'un ni l'autre ne peut -ne veut- renoncer à sa vie.
Même si la construction est soignée, qu'il y a quelques trouvailles intéressantes dans l'imaginaire de ce monde et que les personnages sont bien posés, j'aurais souhaité un peu moins de fatalisme : cela vaut-il vraiment la peine d'imaginer un nouveau monde s'il est exactement pareil au nôtre ? Et si les enfants grandissent en traversant des épreuves pourquoi ne pas faire évoluer nos sociétés en parallèle pour aller vers un monde meilleur ?