Le Mons'trouille

Un petit garçon en culotte courte passe en revue ses peurs quotidiennes : les grognements du frigo ; l'escalier qui grince sans raison ; la veilleuse allumée qui fait apparaître des ombres bizarres ; la tache au plafond des toilettes qui se déplace ; les livres qui ricanent quand on passe à proximité. Quand il parle de ses craintes à sa mère, elle lui rétorque qu'il est un grand garçon maintenant et qu'il est temps d'aller au lit. Enfoui sous sa couette et la trouille au ventre, notre héros s'imagine que toutes ses peurs fusionnent pour devenir le Mons'trouille, un géant vert à grande bouche. Tétanisé par cette vision, le bambin pleure si fort que le monstre déguerpit. Rassuré, il s'endort enfin.

Ce qui frappe à la lecture de cette histoire, c'est le peu d'écoute et d'empathie de la part de la mère du garçon. Elle le laisse seul face à ses nombreuses inquiétudes, sans lui donner le moindre signe de réassurance. Dans ces conditions, les nuits ne peuvent être que catastrophiques et les peurs toujours plus monstrueuses. C'est ce qui arrive à notre héros qui hurle et pleure seul dans son lit. Il arrive certes à se rendormir, mais à quel prix !..
Les codes graphiques japonais avec, notamment, les gouttes de sueur et la bouche grande ouverte accentuent le malaise du lecteur. Heureusement que les monstres, eux, sont représentés avec humour, ce qui amène une touche légère bienvenue à l'histoire. Mais ils ne suffisent pas à nous enlever ce sentiment de malaise qui plane, tout au long du récit. Sur ce thème on préfère nettement : Il y a un cauchemar dans mon placard de Mercer Mayer, bien plus abouti !