Le cochon et le prince

Charles, un cochon habite avec son ami, un prince, un château en carton. Charles est l’animal de compagnie préféré du prince parce qu’il souffre de solitude. Malgré ses parents, le roi et la reine, très affectueux mais fort pauvres, comme lui, le prince se sent seul et souhaite hardiment rencontrer une princesse. Charles, le cochon confident, trouve de lui-même un peu dégradant pour un prince d’avoir un ami cochon. Aussi lui propose-t-il une séparation. Le prince obtempère mais propose des aménagements. Charles dormira dans un cagibi, communiquera avec lui par téléphone et marchera derrière lui à une distance respectueuse. Ainsi le prestige du prince restera intact lors de la rencontre avec l’éventuelle élue de son cœur. Le prince, désespéré, trouve le temps long. C’est alors que Charles aperçoit au loin, un cheval. Et le prince voit, sur le cheval, « une princesse aux longs cheveux qui chatoient dans le soleil ». La conversation s’engage entre le prince et la princesse, un peu maladroite et surprenante, comme l’enchaînement délirant des événements à partir de là.

Toute la fantaisie ironique de Christian Oster est dans ce texte : c’est un anti-conte de prince et princesse. Ils ne possèdent aucun des attributs de la royauté : ni puissance, ni pouvoir. Ce conte comique joue sur l’inversion des rôles. Charles, est le véritable héros, sage, laconique, dévoué serviteur. Le récit se déroule de l’extérieur et on assiste à la déconfiture épique du château emporté par l’eau. L’inertie de leurs majestés résignées est très réjouissante et si cette histoire se finit bien comme il se doit, on en est tout étonné. Un plaisir de lecture et de fantaisie auquel contribuent les illustrations minimales de Dorothée de Monfreid !