Le clan des chiens (T. 1). Sur la piste des hommes

Max, beau et placide labrador de ferme en pension chez le vétérinaire, se réveille un matin... tout seul. Les humains pourvoyeurs de soins ne sont plus là. Même la sage Madame qui occupait la cage d'à côté a disparu. Reste le chien de la maison, Rocky, petit teckel paniqué qui accepte malgré tout de partager les sacs de croquettes. Ensemble, ils vont sortir de la maison, échapper aux loups qui rôdent, et tenter de gagner la ville la plus proche pour retrouver leurs maîtres, ou au moins un homme. Ils échafaudent des hypothèses sur ce brusque changement : contagion massive ? Guerre mondiale ? Cependant, le plus urgent est de se protéger des bêtes à poils et à plumes qui se trouvent sur le chemin de nos deux héros (bientôt trois avec l'adoption de Bidule, mini yorkshire aussi nerveuse que futée).

En ce début de XXIème siècle, signe des temps, les fictions imaginant l'apocalypse du règne humain fleurissent dans l'édition. Il y est rarement question des animaux, pourtant habitants à part entière de notre Terre, et même mille fois plus nombreux que l'homme. L'erreur est réparée avec ce premier tome du Clan des chiens, dont le narrateur externe suit avec humour, passion et mystère les protagonistes. Certes, ces derniers parlent, ont des sentiments très élaborés, comme... des humains, et on pourrait ne plus bien faire la différence. Mais la recherche de leurs maîtres reste au cœur de leurs préoccupations, comme s'ils étaient perdus sans eux, ce qui les renvoie alors à leur statut de bêtes de compagnie.
Chemin faisant, vers la grande ville puis la mer (dans le tome à suivre), ils vont rencontrer des communautés plus ou moins organisées, symbolisant encore une fois des pendants des groupes humains tels qu'ils pourraient se constituer en temps de crise : le parallèle est saisissant. Ainsi, un caniche fou devient le gourou de toute une meute qu'il asservit, les chats trop indépendants ne parviennent pas à s'unir et faire front contre l'adversité. Des chiens errants investissent les métros, se nourrissant de rats mais redécouvrant la liberté. Enfin, un gros chien de garde, d'une intelligence mal intentionnée rare, réinvente la tyrannie et la torture ; c'est face à lui que le combat sera le plus difficile. Évidemment, Max, Rocky et Bidule vont jouer le rôle de sauveurs, quoique à leur mesure : la Terre ne tourne plus rond, chacun doit sauver sa peau et ses croquettes (l'obsession de Rocky). Faisant rapidement oublier son présupposé enfantin, proposant de vraies pistes de réflexions sur l'organisation d'une société, « Le clan des chiens » innove, plaisant et intéressant à lire dès 10 ans.