Léon et son crayon

Léon ne lâche jamais son crayon. Mais pas qu'au sens figuré : le jeune garçon trace des lignes sur la page blanche, commence des traits dont il ne sait pas ce qu'ils deviendront. Le lecteur non plus, y voyant le dessin malhabile d'un enfant qui s'amuse. Et vraiment, gâcher ces belles feuilles de papier glacé, Léon, c'est une honte ! Mais hop, comme un tour de magie ou un lapin tiré du chapeau, voilà que, par l'intermédiaire de rabats à déplier de gauche à droite, naissent des merveilles à partir de rien. Un pseudo-escalier devient la crête d'un dinosaure, un bout de losange devient arc-en-ciel... Léon a peut-être du talent, mais surtout de l'imagination à revendre : fleurs à la place des yeux, chiens volants... Le monde lui appartient, et même la nuit qu'il transforme en monstre apprivoisé !

C'est le type même d'albums qu'on lit à voix haute en regardant les illustrations, puisque sans elles, le texte reste tout aplati. Pour mieux laisser place aux créations très personnelles de Léon, le dessin de l'auteur se fait sobre, (presque trop) minimal et enfantin. Le système des rabats est bien vu, en un effet d'attente qui ravira les bambins de 4/5 ans. Les seront peut-être suscitées : en effet, la façon de faire du jeune héros s'apparente aux différentes formes géométriques qu'on apprend parfois à assembler pour des animaux, des personnages... Une plaisante démonstration sur l'acte de créer.