Nina Volkovitch (T.2). Le souffle

En pleine fuite, Nina a rejoint un monastère orthodoxe caché dans la montagne. Elle voudrait repartir à l'assaut de ses ennemis (qui sont-ils, d'ailleurs, et pourquoi la cherchent-ils ?) mais le père du monastère veut lui enseigner l'art de la patience et de l'icône. Nina peint longuement, et finit par apprendre peu à peu qui elle est : une Souffleuse, capable de moduler l'air autour d'elle et de donner des ordres à trois icônes sacrées qui gouvernent le monde... Elle se découvre des alliés de son âge, les Défenseurs (des guerriers) et les Passeurs (des intellectuels).
Le séjour comme en-dehors du temps prend brusquement fin avec l'attaque du monastère par l'oncle-même de Nina. La jeune fille s'échappe une nouvelle fois en emportant les icônes, rejoint ses deux amis des rues de Moscou, Sacha et Dima, puis se cache chez une vieille Souffleuse qui l'aide à maîtriser son don. Mais le temps presse, Nina doit en priorité cacher le trésor qu'elle possède. Ensuite, enfin, elle pourra partir à la recherche de sa mère, toujours prisonnière d'un goulage en Sibérie...

Après un premier livre qui mettait en place tous les éléments, et restait presque entièrement sur un plan historique – la Russie post-Deuxième Guerre Mondiale -, ce second tome bascule abruptement dans le fantastique. L'action n'est pas intense : les menaces se précisent en un crescendo angoissant mais ne tombent pas encore sur l'héroïne. Tout se passe comme s'il s'agissait d'un long moment de transition, durant lequel Nina, toujours suivie par un narrateur externe attentif, prenait le temps de se connaître autant que possible, et de rassembler autour d'elle des alliés potentiels. Une bataille, fruit de querelles séculaires, est évidemment à mener. Quant aux ennemis... On ne les identifie pas bien encore, entre un oncle ravagé par une rancœur familiale et un pouvoir politique qui, tout rationnel se veut-il, ne dirait pas non à une puissance occulte.
On s'éloigne nettement, malgré la fin dans les coulisses du musée Pouchkine, de l'idée de l'auteure de faire découvrir au lecteur les grands courants picturaux du XXème siècle, ce qui est plutôt regrettable. On y reviendra peut-être avec le personnage de la mère, et toujours en compagnie d'une jeune fille décidément très intrigante. On ne s'identifie pas vraiment à Nina, mais on se demande furieusement où elle va nous emmener. Accessible dès 11 ans, une série étrange qui trace sa propre histoire, pétrie de folie russe et de douceur artistique.