Oublie-moi un peu, papa !

Les parents de Naomi divorcent. La petite fille ne s’en rend pas tout de suite compte. Mais bientôt, le fait de passer régulièrement de l’environnement maternel de son enfance, un peu bazar mais tellement heureux, au nouvel appartement immaculé de son mathématicien de père perturbe Naomi. Et puis, elle commence à en avoir assez de ce papa subitement étouffant, qui se met à cuisiner et à vouloir enchaîner les activités sportives avec les sorties culturelles. Rendue mature par la force des choses, Naomi comprend que son père a terriblement peur qu’elle ne manque d’amour, et qu’il force sa propre nature de chercheur solitaire pour lui montrer sa présence, et, pense-t-il, lui faire plaisir. Il faudra une tierce personne, en l’occurrence une tante avec la tête sur les épaules, pour remettre les choses à leur place. Naomi et son papa apprendront peu à peu un nouvel équilibre, qui n’a rien à voir avec les maths et la logique mais tout avec le cœur et l’instinct…


Brigitte Smadja fait une incursion à rebrousse-poils dans les conséquences inévitables du divorce sur les enfants en évoquant le cas, pas si rare que cela, du parent obsessionnel qui veut trop bien faire et étourdit sa progéniture (et lui-même par l’occasion) d’attentions et d’occupations. Ici, point de disputes haineuses entre les adultes, point de mauvaise organisation logistique, point de soucis financiers – c’est frappant -, mais simplement une petite narratrice qui n’a plus le temps de rêver, et qui en souffre. Heureusement, dans le monde merveilleux de la fiction, Naomi parvient plus ou moins à l’exprimer, et l’écueil programmé n’aura pas lieu. Ecrit avec vivacité et justesse, ce petit roman contemporain fait mouche de sa bonne humeur sur un sujet plutôt grave. A faire lire aux parents concernés, évidemment !