Une fille dans la forêt

Linda, seize ans, habite, depuis toujours pense-t-elle, avec sa mère près de Montréal. Jusqu’au jour où cette dernière tombe malade et propose à sa fille de rejoindre son père, un Indien qui vit en plein cœur de l’Amazonie avec son fils, le jeune demi-frère de Linda. La jeune fille ne se rappelle plus de cet homme, ni de la forêt vierge au sein de laquelle elle a pourtant vécu jusqu’à l’âge de six ans. Munie de son kite-surf et de sa parka de ski, Linda prend l’avionnette… Le narrateur externe ne nous cachera rien : Linda s’estime mal accueillie, entre un père absent car parti défendre sa forêt contre l’exploitation pétrolière, une grand-mère qui ne rêve que de la marier, un petit demi-frère hargneux et moqueur, et l’omniprésence de la « chicha » , cette boisson quotidienne même pas bonne !

Longtemps, le roman relate les difficultés de Linda à s’intégrer, qui ne viennent finalement que peu d’elle. Au moment où le lecteur pense avoir fait le tour de la question et suffisamment pénétré les habitudes de vie des Indiens Kichwas autant que Shuars, un rebondissement arrive, idée enfantine que l’on perce vite à jour mais qui va déclencher bien des aventures. Dans une partie au fil de la rivière, l’héroïne aura alors le temps de retrouver la mémoire et de prouver à la fois son courage et son utilité (ainsi que celle, originale, du kite-surf).
Le lecteur découvre au passage des réalités pas belles du tout, qui opposent de manière traditionnelle productivisme forcené autour des ressources naturelles et écologie. La lutte reste ouverte à la fin du roman, tandis que le volet familial, lui, aura joliment évolué…
Christel Mouchard s’est inspiré de ses souvenirs personnels, mais il manque comme un souffle à cette histoire par ailleurs bien construite et pleine de surprises.