Touche pas à ma mère

En septembre 2012, les éditions Talents hauts, dont le catalogue défend haut et fort l’égalité filles / garçons, ont lancé une nouvelle collection destinée aux adolescents, « Ego ».
L’on y parlera de sexisme, d’identité, des différences, de la discrimination, d’amour, de violence, de résistance, de solidarité, d’égalité et de liberté.

Deux titres inaugurent cette nouvelle collection : Touche pas à ma mère, d’Hervé Mestron » et Mauvaise connexion, de Jo Witek.


Cécile, la jeune narratrice, raconte la nouvelle vie qui commence pour sa mère et elle. Elles vont désormais habiter à Nîmes dans une maison agréable, avec Sébastien, le nouveau compagnon de la mère de Cécile.

Les premiers jours se déroulent plutôt dans une ambiance agréable. Sébastien, un homme très organisé, se montre efficace, attentionné et assez ouvert.
Mais cela se fissure rapidement lorsque Cécile découvre chez sa mère des signes alarmants : des bleus, un œil au beurre noir, de la nervosité excessive, « des chutes dans l’escalier… ». La jeune fille comprend vite que Sébastien est un autoritaire, un violent qui cache bien son jeu pour l’instant, et que sa mère a peur de lui.

Elle décide de l’éloigner de son tortionnaire et d’en parler avec les parents de sa meilleure amie.


Ce roman, court mais dense, met à jour, de manière fine et non ostentatoire, le drame que vivent des milliers de femmes maltraitées à travers le monde. Par la voix de Cécile, adolescente plutôt solide malgré sa vie difficile, qui observe attentivement ce qui se passe dans la maison, Hervé Mestron montre les mécanismes mis en place par le bourreau et la victime. La mère est une femme abandonnée par son premier mari, en quête d’amour et de confiance. Elle a honte de ce qui lui arrive, elle ment, elle s’enferme dans son enfer. L’homme a une double facette : violent dans l’intimité, débordant de marques d’amour excessives en public, il règne par la peur et l’isolement qu’il sait créer. Cécile réagit très vite, intelligemment. Elle parle à son entourage, puis à sa mère, afin de briser le cercle infernal.

Malgré le sujet difficile qu’il aborde, ce texte est porteur d’espoir en montrant que l’on peut rompre le silence et arrêter les coups. Il peut s’avérer très utile pour favoriser le dialogue et la réflexion avec les adolescents. Il est prolongé par un petit dossier documentaire établi avec Amnesty international qui rappelle, entre autres faits et chiffres, qu’en France, une femme meurt tous les trois jours des coups de son conjoint.