Monsieur Kipu

Un peu boulotte, ayant besoin de prendre son temps, Chloé doit composer avec une mère femme politique carriériste et une hyperactive jeune sœur. Elle cherche un ami qui l'écoute : ce seront le clochard du quartier, monsieur Kipu, et son affectueuse petite chienne (noire, qui se révélera blanche après lavage). Intriguée par le passé de ce duo hors normes, la fillette propose à monsieur Kipu de loger dans l'abri de jardin de sa maison. Mais en pleine campagne électorale, le vieil homme va quelque peu détonner, et infléchir bizarrement les positions conservatrices de la mère de Chloé !...

Avec un humour constant, le roman fonce à toute allure dans les quiproquos, slalome entre les rebondissements improbables et fait immanquablement gagner les bons sentiments contre les méchants personnages. Chloé a beau craindre sa mère, elle n'aura pas un instant d'hésitation sur le conduite à tenir par rapport à monsieur Kipu même si le sans domicile fixe va s'avérer un domicilié bien exigeant. Une scène d'anthologie plus tard entre le vieux monsieur démodé et la tonique mère de l'héroïne , Chloé n'aura pas changé le monde, mais pris confiance en elle. Et c'est déjà pas mal.

Plusieurs niveaux de lecture sont possibles, allant classiquement d'une réflexion autour de la suprématie de la sincérité sur les apparences jusqu'à, plus subversivement, un réquisitoire contre le caractère profondément véreux de la politique. Avec un narrateur externe bon enfant mais pas avare de commentaires, le roman sait se faire chaleureux et dynamique, à la fois proche des réalités sociales et complètement loufoque. Moyennant un petit côté Roald Dahl, il n'est absolument pas étonnant que ce soit Quentin Blake qui l'ait illustré...