Fables

Dans Les métamorphoses d'Ovide, Sara s’était déjà attachée à transcrire visuellement des textes classiques. Il en est de même des Fables de La Fontaine qui proposent 23 fables mises en images selon la technique du papier déchiré, véritable signature de son travail d’illustratrice. Les animaux familiers de son bestiaire y trouvent place, le chat, le chien, le loup. La puissance des arbres et la force des personnages habitent ce recueil comme des liens qu’elle tisse entre ses contes modernes « Révolution » ou « Enchaîné» et les fables de La Fontaine, « Le villageois et le serpent » ou « Le loup et le chien ». Elle figure d’ailleurs sur la couverture entre chien et loup comme un clin d’œil ironique aux animaux des fables et une invitation à entrer avec elle dans leur univers. Quelques parti-pris d’illustrations sont perceptibles, l’importance du mouvement, par exemple. Les scènes sont saisies en plein vol comme celle du corbeau qui perd son fromage ou la chevauchée du singe sur le dos du dauphin ou enfin la malheureuse Perrette suspendue, « envolée ? », dans sa chute. On note majoritairement trois couleurs plus un élément en contrepoint. Ainsi dans le loup et la cigogne, chaque personnage est traité dans sa tonalité : gris noir pour le loup ou vert bleu pour la cigogne ; entre les deux, un rouge franc comme objet du délit : petit os coincé dans la gorge du loup et pattes et bec, longs attributs de la cigogne. Souvent une tache de rouge attire l’œil, intrigue, telle la souris qui s’enfuit lors de la tempête qui déracine le chêne, Sara dit « que la souris échappe des profondeurs hideuses » liées au déracinement. Ainsi, chaque image exprime une mise en scène avec un point de vue, une interprétation, fables et illustrations composent « une comédie en cent actes divers » tour à tour gaie ou grinçante à l’image de la danse macabre de « la Mort et le bûcheron », saisissante !