Désirée, dite Dièse, vit seule avec sa mère, femme inquiète et très peu démonstrative. Elle tente malgré tout, poussée par son amie Malia, de vivre une adolescence heureuse, et pourquoi pas un premier amour avec Lenny. Un jour, elle découvre des lettres adressées à sa mère, des lettres insistantes signées Lou, raturées d'un « p » rageur pour former le nom de l'animal, le loup. Justement, la mère de Dièse ne supporte pas ces prédateurs aux dents longues. Dièse va percer son secret pour la libérer et enfin avoir la possibilité, elle, de s'épanouir.
La vérité glauque – un inceste - se devine assez vite pour le lecteur : les cauchemars de la mère, le rejet physique qu'elle a de sa fille, sa solitude, l'idée omniprésente enfin de loup, un symbole clair. La narratrice Dièse, qui a tous les éléments sous les yeux depuis des années, n'a rien vu ou rien voulu voir, un phénomène classique. Quand elle comprend, sa réaction est violente, nécessaire à la survie. Rappelons-le, si Dièse agit pour sauver sa mère, elle pense aussi à son propre quotidien, ce qui s'avère au final très sain. La digression avec un Lenny au lourd secret n'est pas vraiment un parallèle, plutôt un rappel du temps qui passe d'une part, de la fameuse résilience d'autre part. L'écriture est fluide, presque trop douce pour dire (ou suggérer) la brutalité des faits. Les secrets de famille n'ont pas de date de péremption, ce qu'exprime très bien Régine Joséphine dans ce court roman très faussement tranquille.

Sophie Pilaire

Présentation par l'éditeur

Blottie dans un réduit où s entassent valises et cartons, la mère de Dièse pleure toutes les nuits sur des lettres étrangement raturées. Signées : Lou(p).
Sa fille soupçonne un secret terrible. Lorsqu'elle découvre la vérité, la colère l emporte sur la raison. Coûte que coûte, elle libèrera sa mère des fantômes de son passé. Même si pour cela, elle doit tuer. Mais n oublie-t-elle pas, en prenant cette décision, de vivre sa propre vie ?