L'homme qui faisait vieillir

Jeune homme un peu rêveur, Pedro a commencé des études d’histoire mais se pose des questions sur la pertinence de ce choix. Un vieux professeur va l’aider à trouver sa voie en lui confiant des travaux en apparence sans lien avec une orientation professionnelle, mais qui vont amener Pedro à se poser des questions sur lui-même, et sa façon de percevoir le monde. Il gagne aussi de cette rencontre un bel amour, en la personne de la filleule du professeur : Mayumi étudie la neurologie des émotions…
C’est la jeune femme qui a baptisé son parrain « l’homme qui faisait vieillir », en ce sens qu’il aide les gens à grandir, ouvrir leurs cœurs, trouver leur chemin dans la vie, le tout sans donner aucun conseil et si possible avec une fausse rudesse qui cache un cœur d’or. Attentif à autrui, le vieux monsieur se dévoile très peu voire pas du tout ; nous savons juste qu’il a aimé une femme, qu’elle est morte depuis longtemps, et qu’il habite une maison envahie de livres. On le devine assez rapidement, Pedro va devenir écrivain, traitant à l’instinct des sentiments tandis que son amoureuse Mayumi les aborde scientifiquement. Intéressant, le parallèle entre les deux jeunes gens complète bien ce roman d’apprentissage au déroulement curieux par petits épisodes disparates. L’écriture à la première personne – Pedro parle, évidemment au passé - est fluide, chaque moment captivant en lui-même (voir la recherche du mot-clé du Roi Lear de Shakespeare). Longtemps, on ne sait pas trop où l’on va, on se laisse porter par l’histoire. Mis bout à bout, les petits événements composent finalement un ensemble romanesque bien structuré, quoique parcouru encore de nombreux « si » : l’aléatoire du parcours de Pedro se veut reflet des vies qu’il va raconter dans ses propres livres…