Tilorète et le python de la fin du monde

Dans le petit village africain de Tilorète, quand un arbre périt, on le remplace. La petite fille est donc chargée de replanter un tamarinier avant que son père n’enlève l’acacia frappé par la foudre. Mais un énorme python l’en empêche : ce serait la fin du monde ! Déçue, un peu impressionnée, Tilorète cherche un autre endroit, mais chaque animal qu’elle rencontre trouve une bonne et objective raison pour que le tamarinier soit bien planté sur la colline à côté de l’acacia. Et toujours, Tilorète leur explique cette histoire de fin du monde. Pas convaincus mais quand même superstitieux, l’éléphant, la gazelle, la girafe, etc, se mettent à courir pour se protéger. Ils finissent tous… en haut de l’acacia ! Wowo l’oiseau sera le poids de trop sur la branche. L’arbre craque, et on retrouve le python qui a mué : sa fin du monde a eu lieu.
Petit conte guilleret, Tilorète et le python de la fin du monde s’accompagne de la bonne humeur de ses illustrations au crayon de couleur, un peu enfantines mais au fond excellemment figuratives. Racontée au présent par un narrateur externe, l’histoire simple fait un peu penser à « La Moufle », avec l’idée du petit rien qui fait tout exploser. Mais le python permet de renouer avec une impression de tradition des contes cosmogoniques : la fin du monde fait partie de ces poncifs qui tiennent éveillé au moment des histoires (sous l’arbre…). Seulement voilà, pied de nez, le python n’a aucune vue sur l’univers, mais uniquement sur sa pauvre petite peau. Une réflexion se dessine : le tout et le particulier, la communication et l’interprétation… Cette pirouette n’empêche pas à la rumeur, une fois de plus, de vérifier son pouvoir anxiogène. Drôle et sympathique dans une Afrique idéale, le roman constitue une première lecture tout à fait acceptable.