Mon frère, ma princesse

Héroïne au cœur de la pièce de théâtre, Nina n’a de cesse de protéger son petit frère Alyan, qui adore se déguiser en fée, refuse explicitement d’être un garçon et voudrait se faire appeler Nalya. La petite fille sort bec et ongles à la moindre remarque, quitte à se faire rabrouer par les petits durs de sa classe à l’école, quitte à ce que ses parents, entre une mère attachée aux apparences et un père indifférent, ne voient rien. Ces brimades iront assez loin, Nina devra fuguer avant qu’enfin, alertés par un des amis de la fillette un peu amoureux, les adultes ne décident d’aider Alyan, tout simplement en le soutenant et en respectant sa psychologie. C’est un drôle de thème, déjà pas courant en fiction jeunesse, auquel se frotte Catherine Zambon. Et peut-être, dans le cadre vivant, un peu virevoltant de cette pièce où les personnages alternent rapidement, les émotions passent-elles mieux : débarrassées de toute glose, elles existent suggérées autant qu’expliquées, et la tolérance s’imposera de fait. Nous sommes tous différents, et pour certains, cette différence est plus grande que pour d’autres (toujours par rapport à une norme sociale). A travers la voix de l’enfant aimante qu’est Nina, l’auteure nous dit que d’une part, cela n’a aucune importance, d’autre part notre destin ne peut pas se fixer dès les premières années de la vie. Qu’Alyan soit presque constamment en dehors de l’action est un choix intéressant : spontané, innocent, nous le voyons tout simplement être au sens littéral du terme, et ce sont les autres qui s’agitent autour de lui, la plupart du temps de manière malsaine. J’ai regretté la fin un peu rapide, un peu folle, avant de reconnaître qu’elle était tout simplement… théâtrale. Ecrite courant 2011, la pièce n’a pas encore été montée : nul doute qu’elle sera le point de départ à des débats, et, espérons-le, à une éducation ouverte.