Tout ce qui brille (T.1)

Cordelia et Letty fuient leur morne et stricte province natale pour New-York et ses lumières. Nous sommes au printemps 1929. Letty rêve de devenir actrice tandis que Cordelia recherche son père, homme devenu riche à la faveur de la Prohibition. Suite à une dispute, les deux jeunes filles se séparent et chacune va suivre un destin bien différent.
Anna Godbersen est aussi l'auteur de la série Rebelles, vaste tempête sentimentale à histoires multiples sur fond d'une grande bourgeoisie de fin de XIXème siècle. Ici, la guerre de 14-18 est passée, et la crise de 1929 couve derrière les excès des Années folles. Quoique chatoyant de loin, l'univers présenté est plus rude, plus aléatoire. Nous n'évoluons plus parmi les nantis de naissance, mais au milieu des self-made men, des nouveaux riches ou qui aimeraient bien l'être. Même Astrid, amie de Cordelia, est une sorte de déchue, qui suit sa mère de divorce en remariage. La société a changé, les femmes portent les cheveux courts et on conquis leur libre-arbitre. De fait, l'intrigue comporte davantage d'imprévus liés aux comportements des personnages, dans un monde où la décadence aurait presque remplacé la morale. Mais attention, la jeunesse innocente est toujours susceptible de se brûler les ailes. C'est ce qui arrivera aux finalement naïves Cordelia et Letty, que nous suivons alternativement et concomitamment passer de l'espoir fulgurant au déclin trop rapide. Ceci dit, tant que l'argent (du père de Cordelia) est là, tout reste possible. Placée sous l'épigraphe de Francis Scott Fitzgerald, écrite entre un récit tendu et des dialogues vivants (y compris dans la superficialité), la série s'annonce âpre, loin d'un sirupeux roman historique à jolies robes.