ABC Bestiaire

Dès la première page, c’est la surprise ! Antonin regarde le lecteur de son œil rond dans un vague paysage délimité par un grand espace bleu vif et un arbre massif sur fond blanc, vide ! Antonin est un Ane. Normal dans un bestiaire abécédaire semble-t-il, mais l’âne n’est pas nommé, c’est au lecteur de faire le lien entre Antonin et Ane. Les pages suivantes confirment ce principe. Après Antonin, entre en scène Barbara, la baleine et se met en place la scénographie de cet ABC : Barbara trouve sa place dans l’immense espace bleu qui devient tout à coup, la mer bordée de quelques rochers épars pendant que quelques traits verts installent une prairie sous l’arbre où Antonin se réfugie… Arrive, truffe en l’air, Cyprien le chien. La baleine souffle, Antonin broute. Lorsque Didier le dindon s’avance, Cyprien a trouvé sa place, il contemple la baleine. Emile l’escargot s’ensuit puis Florimond le flamant jusqu’au zèbre Zadig. Chaque nouvel acteur entre en conversation ou en interaction avec ses prédécesseurs, pendant que les espaces vides du début se complexifient, l’arbre devient énorme, il abrite toute une population de paresseux, koala, iguane ; une mare permet à Gaby, la grenouille de s’ébattre au milieu des nénuphars, elle y sera rejointe par Otto et Roméo… Les animaux jouent à cache-cache et le lecteur, avec jubilation, va chercher à retrouver les animaux égarés. Le travail de Janik Coat est un modèle de simplicité dans les formes et de raffinement dans l’organisation. Jeux de cache-cache et de création d’un monde sont fondamentaux pour les enfants, le travail de Janik Coat est au service de ces apprentissages, avec un humour et une distance remarquables jusqu’au récapitulatif final qui consigne la liste des animaux et remplit ainsi la fonction annoncée d’abécédaire et de bestiaire. Une grande réussite.