Promise

Cassia a dix-ans et se sent parfaitement intégrée à la Société, l’entité gouvernementale qui dirige son monde et veille au bonheur, à la santé, à la nourriture et à l’éducation de la population. Rien, dans la Société, n’est laissé au hasard. Les habitants de ce monde lisse sont surveillés nuit et jour. Ceux qui commettent des infractions sont classés « Anomalie » ou, pire encore « Aberration ». Tout y est donc sous contrôle, y compris le couplage. Il s’agit de choisir deux personnes compatibles, qui pourront mener une vie de couple harmonieuse et avoir ensemble des enfants.
Les parents de Cassia sont plutôt des privilégiés. Ils appartiennent aux Officiels, ceux qui ont des postes de responsabilité, et s’entendent parfaitement. Ils sont le fruit d’une éducation et d’un couplage réussis.
Cassie s’apprête donc à assister à son banquet de couplage au cours duquel elle saura qui la Société lui a choisi comme Promis. Elle se sent fébrile mais a confiance. Elle sait que les dirigeants ne veulent que le bien de ses habitants. Sa surprise est grande lorsqu’elle découvre que son Promis n’est autre que Xander, son ami d’enfance et voisin. Il est rare de coupler deux amis. Pourtant, lorsqu’elle lit la microcarte qu’on lui a remise, sur laquelle figurent toutes les informations concernant Xander, une autre image apparaît fugitivement : la photo de Ky, un garçon qu’elle connaît également, au passé mystérieux, classé « Aberration ». La Société si parfaite aurait-elle commis une erreur ? Et si oui, pourquoi ? C’est le premier grain de sable qui grippe cette machine sociale si bien huilée. Cassia se met à douter, à observer ce qui se passe autour d’elle, à se questionner sur le bien-fondé des règles que chacun doit respecter. Et lorsqu’elle se rapproche de Ky, Cassia va apprendre à désobéir, au risque de rompre cette harmonie apparente …
Voici le premier volume d’une trilogie prometteuse. La romancière, Ally Condie, met en place un monde très lisse en apparence, qui est en réalité une dictature effrayante, dans laquelle les humains n’ont aucun choix possible. Le bonheur et l’équilibre de la société se font ici au détriment de la liberté individuelle. L’amour, la mort y sont programmés. Le passé est banni. De la littérature, la peinture, la musique, on n’a gardé que cent œuvres dites essentielles, choisies pour leur fadeur et leur niaiserie. Il ne faut surtout pas réfléchir ou penser.
On suit avec l’intérêt le cheminement de l’héroïne qui doit faire des choix essentiels : obéir ou se rebeller et donc se couper du monde protégé qu’elle a toujours connu.
C’est intéressant et dense et l’on a encore beaucoup de choses à apprendre dans les volumes suivants.
Ce roman s’inscrit dans une veine largement traitée. On pense à Terrienne, de Mourlevat (Gallimard jeunesse), au Passeur, de Lois Lowry (L’école des loisirs) ou bien encore aux romans de Gemma Malley (Naïve). De très bons textes aussi.