Mauvais Plans

A l’âge de six ans, les jumeaux Paisley et Beau défrayaient déjà la chronique : après avoir découvert le corps sans vie de leur mère alcoolique, ils s’étaient enfuis puis égarés dans les bois. Une fois retrouvés, les deux enfants avaient expliqué s’être perdus alors qu’ils cherchaient leur père. C’était sans compter que celui-ci venait d’être emprisonné à la suite d’un braquage…
Accueillis par une grand-mère avide des dons que le drame lui a permis de récolter, les jumeaux ont grandi sans recevoir le moindre signe de leur père – ses lettres ayant toujours été interceptées puis cachées à leur existence. Paisley, jugée plus difficile et rebelle que son frère Beau, est alors placée dans différents établissements d'où elle sera régulièrement renvoyée.
Dix ans après leur première évasion, les jumeaux se retrouvent pour prendre à nouveau la fuite, direction Las Vegas cette fois, à la recherche de leur père tout juste libéré de prison. Là-bas, dans l’agitation, le bruit et la démesure de la ville, Paisley et Beau enchaînent les vols à main armée pour attirer l’attention des médias. Ils espèrent ainsi passer un message à leur père. Leur folle cavale prend alors l’allure des aventures de Bonnie et Clyde : son rythme ne décélère jamais, laissant à peine le lecteur reprendre son souffle.
L’originalité du roman tient dans son écriture à deux voix : Beau et Paisley exposent leur point de vue alternativement, chapitre après chapitre. Et l’auteure réussit ainsi à traduire la personnalité des protagonistes à travers leurs propos : on reconnaît l’insolence de Paisley dans une écriture crue et dénuée de fioritures, alors que son frère Beau se montre sage et réfléchi dans un style littéraire plus soutenu. L’intrigue me laisse toutefois l’arrière-goût d’un met trop salé : à vouloir multiplier les rebondissements (mère alcoolique, deuil, délits, prison, père SDF, incendie, et j’en passe), l’auteure ne nous laisse guère le loisir d’apprécier la saveur de son récit. Décoiffant et tonique certes, mais un brin lassant aussi, malheureusement.