Marina

Carlos Ruiz Zafon était peu connu en France avant la parution, en 2004, de L’ombre du vent, publié chez Grasset.
Depuis, cet écrivain catalan, né à Barcelone et vivant depuis une quinzaine d’années à Los Angeles, est devenu un véritable phénomène littéraire, encensé par les uns, honni par d’autres. Ses romans se vendent à plusieurs millions d’exemplaires.
Marina, publié en même temps par Pocket jeunesse et Robert Laffont, a été écrit en 1999, avant L’ombre du vent (2001). Ce roman n’est pas un texte destiné spécialement à la jeunesse mais, tout comme les autres romans de l’auteur, il peut passionner les adolescents.
Fin des années 70, Oscar Drai, quinze ans, est élève dans un pensionnat religieux situé au cœur du quartier de Sarria, dans le vieux Barcelone. Ce garçon solitaire et indépendant aime vagabonder dans les rues de la ville, loin de l’agitation de la vie moderne. C’est ainsi qu’il découvre une grande maison entourée d’un jardin, presque abandonnée et figée dans le temps, et qu’il trouve une montre à gousset qu’il emporte sans le vouloir. Quelques jours plus tard, il fait la connaissance des deux habitants de la vieille maison, Marina et son père. Oscar est aussitôt subjugué par l’adolescente et n’a plus qu’une envie, passer le plus de temps possible avec elle, loin de son pensionnat triste.
Ensemble, ils sont vivre une aventure hors du commun et hors du temps, qui les entraînera sur la piste d’une mystérieuse femme voilée, d’une tombe abandonnée, d’une serre peuplée de marionnettes effrayantes, d’un savant illuminé et de son épouse disparue, une cantatrice très célèbre dans les années quarante. Une histoire d’amour et de mort, de peurs, de dangers, de frissons.
Avec Oscar, le jeune narrateur, on arpente une Barcelone qui n’est pas un simple décor, mais un personnage à part entière. Cette Barcelone-là n’est pas la ville flamboyante que visitent les touristes. C’est une cité plus secrète, qui se dérobe au regard, que le temps a usée, polie, qui suinte la nostalgie d’une autre époque. Le récit bascule progressivement dans le fantastique, au fur et à mesure que les deux héros, des adolescents très matures, exhument les secrets et les vies des personnages qu’ils poursuivent. Il alterne aussi deux histoires : celle d’Oscar et de Marina, ancrée dans les années 1980, et celle, plus ancienne, d’un couple maudit. On pense bien sûr en lisant Zafon au roman gothique, qu’il revisite, à d’autres personnages hantés par leur passé ou leur volonté farouche de créer la vie à tout prix : le docteur Frankenstein ou le fantôme de l’Opéra, par exemple. Certaines scènes sont vraiment effrayantes. A ne pas faire lire à des lecteurs trop jeunes.