Au pont de Pope Lick

Années 1930, Etats-Unis. Dalton Chance suit aveuglément Pace Creagan, fille délurée et sensuelle. Elle l’entraîne dans un jeu dangereux : traverser un pont pendant qu’un train arrive de l’autre côté… Chas, ancien petit ami de Pace, en est mort.
Dalton est en prison lors de la première scène, et toute la pièce n’est qu’un immense retour en arrière, avant une fin onirique très… réaliste, si l’on peut dire. L’intrigue va expliquer comment Pace Creagan est morte, et pourquoi on accuse Dalton. Garçon obéissant, pas très mature et à tout le moins influençable, Dalton est un anti-héros. S’il prend une individualité propre, c’est en lien avec l’exubérante Pace, pour dire le délicat passage à l’âge adulte, sexué, lorsqu’on n’a pas d’avenir. A travers le couple de ses parents dévastés au chômage, il sert par ailleurs de pivot afin de montrer la Grande Dépression. A ces différents niveaux, le pont, que Dalton ne traversera pas, ainsi que les illusoires ombres chinoises du père sont des métaphores filées tout à fait pertinentes. Naomi Wallace n’a pas écrit pour des enfants, et la pièce, difficile à mettre en scène, sera réservée à de grands adolescents. Un théâtre contemporain exigeant, dans une écriture assez poétique, et empreint d’idées de justice, de violence, de vie… : le carnet littéraire et pédagogique disponible sur www.tjeu.fr peut s’avérer utile.