La Couleur de la nuit – Paul Gauguin

Vahiné-Noa est la reine des Kokolors, peuple insouciant aux belles ombres multicolores. Vahiné-Po, la sœur de Vahiné-Noa, est la « femme-nuit » qui vit à l’écart. Elle va aider le jeune Tevaï, dont l’ombre est noire, et son chien Anani au pelage terne à se faire accepter des Kokolors. Et à rendre à ces derniers par la même occasion une certaine lucidité.
Le joli conte merveilleux à la trame basique mêle deux thématiques fortes : le rejet de ce qui est différent, le caractère éphémère du bonheur. Pour parvenir à sa conclusion philosophe, il joue à plein sur la symbolique du noir : être triste, porter malheur, ne pas avoir de personnalité tranchée… Certes, la mise en avant des couleurs, de la lumière dans l’histoire, le choix de la nature sauvage et des prénoms exotiques ainsi que l’illustration fidèle imitatrice font dériver vers Gauguin. Mais c’est un tantinet réducteur pour évoquer pleinement cet artiste défricheur à la vie tortueuse. A moins que les contradictions de Tevaï ne soient aussi indirectement les siennes ? On touche peut-être aux malheureuses limites d’une collection ambitieuse. Il n’empêche que les peintures de Vanessa Hié sont superbes, paysages de grands aplats cloisonnés aux vives couleurs tranchées, êtres aux peaux colorées et aux visages tranquilles dans des positions un peu fixes.