Le monde de Marcelo

Marcelo Sandoval a dix-sep ans. C’est un très beau jeune homme, atteint d’une forme d’autisme qui l’empêche de communiquer avec les gens. Passionné de musique, il perçoit dans sa tête une musique intérieure qui reflète ses émotions. Obsédé par la religion, il échange souvent des idées avec une femme rabbin en laquelle il trouve une interlocutrice délicate et ouverte. Il fréquente une école spécialisée, Paterson, qui accueille des jeunes en difficulté. Il s’y sent bien et prend beaucoup de plaisir à s’occuper des poneys qui s’y trouvent. Marcelo a son monde et ne veut pas autre chose. Il vit dans une famille aisée et dispose d’une chambre construite dans un arbre du jardin. C’est pour lui un refuge précieux. Le père de Marcelo, riche avocat d’affaires, lui impose de faire son stage d’été dans son cabinet, en espérant que son grand fils pourra évoluer au contact du « monde réel ». Marcelo, très perturbé par ce changement, fait des efforts pour s’adapter. Il travaille au service du courrier avec Jasmine, une jolie jeune fille, qui va le guider dans cet univers nouveau. Un jour, il découvre dans un dossier la photo d’une jeune fille défigurée. Cela l’intrigue et il décide d’enquêter sur la responsabilité dans cette affaire d’un fabricant de pare-brise que défend son père. Aidé par Jasmine, il cherche la jeune fille, retrouve l’avocat qui l’a défendue et comprend peu à peu que la vie est faite de choix, parfois douloureux, régie par des passions égoïstes, par l’argent, le mensonge, la trahison. Que le monde réel est une jungle où la compétition est rude, mais que, parfois, il y a de belles personnes et des combats nobles. Cet été-là, le monde de Marcelo s’ouvre et l’adolescent apprend beaucoup.
S’il y a UN livre à lire ces temps-ci, c’est bien celui-là, que l’on n’oublie pas et que l’on porte longtemps en soi, tant la voix que l’on y entend est belle, intense, vibrante –le récit est écrit à la première personne. F. Stork est parvenu à nous faire entrer dans l’univers mental de Francesco, personnage magnifique, à la fois naïf et libre, qui s’inquiète de petites choses banales à nos yeux mais qui fait preuve de courage et de responsablité. Son regard est aiguisé, son approche de notre monde est inhabituelle, ce qui permet aux lecteurs de prendre eux aussi du recul et de mesurer ce qui se joue parfois lorsque l’on doit prendre une décision importante.
Il y a quelques années Pocket jeunesse avait déjà publié un roman mettant en scène un adolescent autiste : Le bizarre incident du chien. Le monde de Marcela est différent, tout aussi intéressant, qui touche davantage à l’intime et à ce qui fait l’humain.