Le mauvais oeil

Thomas, 13 ans, fils unique, ne s’entend plus avec son père qui lui reproche sans cesse ses mauvais résultats scolaires. Sophie, sa mère, tente d’éviter le clash mais le père et le fils se heurtent sans cesse. Le père de Thomas est horloger et passe tout son temps dans son atelier, sans pour autant vivre de son travail. Sophie garde des enfants pour arrondir les fins de mois et Thomas ne se sent bien qu’avec ses deux amis, Malik et David, et passe beaucoup de temps devant son ordinateur, passionné d’informatique.
Pourtant, lorsque le père de Thomas est hospitalisé, victime d’une rupture d’anévrisme, Thomas culpabilise : et s’il lui avait porté le mauvais œil, comme disent ses amis, en rêvant à la disparition de son père quand il est en colère après lui ?
Mais, l’épreuve que traverse la famille va resserrer les liens, renouer le dialogue entre le père et le fils. Thomas, très soutenu par ses amis et les familles accueillantes de ceux-ci, grandit brusquement, décide de travailler et de soutenir son père autant qu’il le peut. L’amour ne se mesure pas seulement avec les mots, mais avec les gestes et les actes.
Ce roman se lit avec plaisir et intérêt et il sonne juste. Sylvaine Jaoui y aborde les difficultés relationnelles entre un père et son fils, avec beaucoup de sensibilité et de finesse. Face à face, un père déçu par son fils parce que ses attentes étaient trop fortes et un fils qui se sent incompris par son père dont les mots et le jugement dont trop durs. Comment accepter l’autre même s’il n’est pas ce que l’on voudrait qu’il soit ? Comment voir les qualités et le potentiel d’un garçon, même si ce ne sont ceux que l’on attend ? Comment vivre ensemble quand on est différent ? En toile de fond, S. Jaoui dépeint un environnement social très métissé : les meilleurs amis de Thomas, Malik et David, sont issus de cultures différentes, et pourtant les trois garçons sont inséparables.
A lire, à discuter.