Cent culottes et sans papiers

Sur le modèle enfantin de la comptine marabout’d’ficelle, Sylvain Levey, déroule une succession de tableaux accrochés aux vêtements oubliés, entassés dans la mémoire sociale contemporaine. On va ainsi découvrir le pantalon « militaire » de Clémence, mal nommée ; la cagoule oubliée de Samir, disparu. Expulsé ? Peut-être. On (re)connaîtra Courtpartout et son pull immense, souffre-douleur d’une communauté scolaire cruelle. Jeu visuel et glissement sémantique se conjuguent et l’étoile jaune de la blouse grise devient médaille. Sur le fil, les slogans inscrits sur les vêtements nous parlent de mondialisation. Que disent de la vie moderne les cols mao et les cirés jaunes « de quoi remplir des armoires et des armoires », pour remonter le temps, écouter battre le cœur des enfants dans leurs ressemblances, dans leurs différences au sein de la vieille nation française, confrontés à la devise républicaine. Sylvain Levey met ainsi subrepticement en relation les événements minuscules et les fondements de la vie politique et sociale : propos ambitieux dans une langue originale, forte qui donne envie de passer de la lecture à la mise en scène.