Bih-Bih et le Bouffron-Gouffron

La jeune Bih-Bih est avalée par un affreux monstre. Mais s’il ne s’agissait que d’elle ! Le Bouffron-Gouffron a englouti la terre entière. Bih-Bih et son ami le champignon Filifraiïme vont chercher une solution, et, chemin faisant, parcourir le monde et ses monuments.
Bih-Bih dans sa petite robe a des airs d’Alice, et, en effet, c’est bien tout un pays de merveilles qu’elle va sillonner : temples grecs, pyramides d’Egypte, grotte de Lascaux, châteaux de Bavière et Cité Interdite, la liste n’aurait pas de fin. Les détails véridiques ou malicieux - inévitables poussins - fusent de chaque bosquet, chaque tiroir... Le livre est gigantesque (format à l’italienne d’un bon mètre ouvert), il se triture (passage à la verticale au milieu de l’histoire) et se tripote (allers et retours pour être sûr de se repérer et d’avoir bien compris). Les cases s’enchaînent sans rupture de lieu tandis que Bih-Bih avance dans tous les sens, pour un effet visuel complet, des plus réussis. Comme l’illustration, l’histoire puise à tout un ensemble de sources : un Jonas et sa baleine, une quête classique, un conte des origines final… Les créations langagières sont très inventives (« C’est un véritable tournicibouli qui ensiphonne tout. »), et l’idée de l’Ooïpopoille en morceaux demeure à mes yeux assez impressionnante. Il faut déjà être un bon lecteur pour suivre sans se perdre, mais on peut aussi décider de se laisser porter par les grandes images… Indispensable.