Le sabre sacré

Jigaro a vingt ans. Il est étudiant, vit à Kamikuré avec son oncle depuis que ses parents sont morts dans un accident de voiture. Il est aveugle mais sa cécité ne l’empêche pas de pratiquer le judo, sport dans lequel il excelle. Il met à point d’honneur à être le plus indépendant possible.
Ochida est étudiante également. Elle côtoie Jigaro dans le cours de sociologie que dispense l’oncle de ce dernier à l’université. Elle l’a repéré mais n’a jamais osé l’aborder.
De sombreux événements vont permettre un rapprochement entre les deux jeunes gens. Un soir l’oncle de Jigaro, Isao, est agressé et conduit à l’hôpital. La police enquête, pensant que l’agresseur est le tueur en série qui sévit dans le quartier depuis quelques mois. Isao ne le pense pas. Jigaro, aidé par Ochida, décide de mener sa propre enquête. Il cherche dans le monde des arts martiaux et cherche à comprendre pourquoi on s’intéresse tant au dojo que tous deux possèdent et qu’ils veulent ouvrir aux jeunes défavorisés de Hara-ga, un quartier sombre. Un sabre sacré, d’une valeur inestimable, y serait caché …
On entre très rapidement dans ce roman bien construit, où la narration progresse dans ce courts chapitres qui font entendre, en voix alternées, le point de vue de Jigaro puis d’Ochida. De nombreux éléments retiennent l’attention : la volonté de Jigaro de se débrouiller seul et d’apprivoiser le monde en écoutant ses sensations olfactives et auditives ; l’histoire d’amour qui nait entre les deux jeunes gens et l’enquête qu’ils mènent dans un univers mystérieux où surgissent les légendes du Japon impérial, l’époque des guerres féodales où les samouraïs étaient des héros, la culture judoka (que connaît parfaitement Yves-Marie Clément puisqu’il pratique les arts martiaux depuis fort longtemps). Enfin l’atmosphère inquiétante qui s’installe dans l’environnement des héros, les crimes mystérieux en série, les personnages troubles qu’ils croisent, le mystère planant autour du dojo familial, sont autant d’éléments qui contribuent à faire de ce polar une réussite, donnant du Japon d’aujourd’hui une image nuancée et très convaincante.