Pic

Pic (comme un pic de montagne) est un garçon de 14 ans. Il est arrêté par la police pour avoir escaladé un gratte-ciel new-yorkais, mais réussit à éviter la prison en partant vivre chez son père en Thaïlande. Célèbre alpiniste, celui-ci organise des expéditions sur l'Everest et il va entraîner son fils dans la dernière en cours. Pic, bien que très excité, comprend vite que le but de son père est de se faire de la publicité autour du plus jeune homme à avoir atteint le toit du monde. Cependant, il n'est pas le seul adolescent de l’expédition : Sun-Jo, petit-fils du moine et sherpa Zopa, participe lui aussi, pour échapper à la police chinoise…
Roland Smith aime à écrire des aventures qui bougent et font voyager, en même temps que des histoires de famille difficiles, particulièrement centrées autour des relations père/fils. Il s'adapte au contexte social du pays où il choisit de situer son histoire ; ici la thématique de l'oppression politique tibétaine par la Chine est complètement intégrée au récit, même si elle reste en arrière-plan tant la montagne prend de place. Le narrateur Pic est censé écrire dans deux carnets moleskine destinés à un devoir pour son professeur de français, et qui sont donc aussi ce que nous lisons. Cela donne de nombreux commentaires et citations du professeur par le héros : ce dernier analyse régulièrement son écriture, un peu comme s’il voulait en excuser les faiblesses (phrases courtes et familiarité) ou expliquer les choix (il)logiques de sa construction. Soit, un peu d’originalité et de complexité ne nuit pas, et surtout, cela rappelle les liens difficiles de Pic avec l’autorité, les figures paternelles. Le roman est très plaisant dans les épisodes sensationnels sur l’Everest, mais on reste un peu dubitatif quant aux explications de ce qui se passe autour : procès à New-York bâclé, école expérimentale de Pic un peu légère, facilités à pénétrer dans les pays étrangers sans visa… On a du mal à croire à toute l’histoire, et le final, apologie de la famille, de l’amour, est carrément décevant. Restent le père de Pic, impassible égoïste, et Zopa, moine impénétrable : deux beaux portraits d’hommes en lien direct avec une nature que l’auteur a eu le bon sens de ne pas édulcorer. Un roman d’aventures tout à fait correct.