La malédiction des petites racailles

Gaël va passer des vacances chez sa grand-mère bretonne, Mama-gozh. Il se retrouve en plein conflit : le frère du maire a racheté un champ communal pour y cultiver des OGM, alors qu’un menhir sacré y est planté. Une légende raconte que si la pierre est déplacée, les korrigans qui l’habitent transformeront les villageois en loups. Mama-gozh veut fuir le village, mais c’est déjà trop tard : oreilles, dents et poils se rallongent… La vieille dame parvient à convaincre les korrigans de revenir et d’annuler le sortilège. Mieux, elle devient amie avec eux – Gaël passe lui son temps avec le facétieux Kilkermoun – et ils lui apprennent à communiquer avec la nature : plantes qui guérissent, engrais naturels, etc. Elle entreprend un superbe potager biologique qui attire jusqu’aux journalistes.
Inspiré d’une légende bretonne, ce petit livre d’Eric Simard marie une certaine poésie, de l’humour à tous les coins de page et… une revendication écologique affirmée. Original ! Les korrigans symbolisent la nature, le respect des traditions, tandis que le maire et son frère figurent la modernité brutale et imprévoyante. Plus malicieux que maléfiques, les petits êtres s’identifient peu, excepté Kilkermoun. Les villageois sont plus différenciés : le narrateur Gaël, Mama-gozh, Yoann d’un côté, débrouillards et ouverts d’esprit, le maire et le curé empêtrés dans leurs préjugés de l’autre (mais pas antipathiques non plus). On se laisse rapidement porter par l’idée que le surnaturel ancien intervient sans contradiction apparente dans un monde du XXIème siècle, même si les premières pages, rapides, peuvent surprendre. L’écriture simple s’accorde avec la linéarité de l’histoire et le suspens restreint : un excellent ouvrage pour les 8-9 ans, et pour le plaisir des adultes.